Au début des années soixante-dix, la station de radio RTL, produit une émission dont le nom résonne encore dans nos mémoires d’auditeurs : « Les routiers sont sympas ». Très rapidement, l’émission connaît un grand succès. Une idée fait son chemin dans l’imagination de Michel Leblanc, journaliste sur la première radio de France, et par Max Meynier, animateur vedette de l’émission : organiser une course de camions en terre mancelle. Les premières courses de camions apparaissant en Europe, il faut peu d’arguments pour convaincre l’ACO et son directeur en charge du sport, Jean-Pierre Moreau. De nombreux tests sont effectués sur le circuit afin d’estimer la résistance du revêtement et, les 10 et 11 octobre 1981, les poids lourds investissent la piste.

Bien plus qu’une épreuve sportive, l’événement sera une véritable fête, avec de nombreuses animations. Une foule importante se presse autour du circuit Bugatti pour découvrir les nouveaux monstres étonnamment rapides sur piste. Les pilotes stars des 24 Heures du Mans comme Henri Pescarolo, Jean-Pierre Jausseau, Jean Rondeau, Yves Courage et René Medge prennent part à la course. Exposés dans le village, les plus beaux camions du monde, remarquablement décorés, impressionnent. Le samedi matin, un grand défilé de ces bahuts hors norme est organisé dans le centre-ville du Mans, accompagné d’un concert de klaxons.

Une épreuve technique et sportive

Les premières éditions furent courues par des camions quasiment de série. Pour respecter l’inébranlable volonté de l’ACO d’organiser des courses utiles, les nuits voyaient les camions attelés de remorques-plateaux chargées de 24 tonnes de Placoplâtre. Le but de ce concours de consommation était de mettre en valeur la façon de conduire, source d’économie pour les transporteurs. À ce jeu, « Jojo » Groine, qui allait devenir le célèbre concessionnaire Mercedes de Clermont-Ferrand, benna par deux fois sa précieuse cargaison dans l’épingle du Garage Vert. Autre épreuve haute en couleurs, le gymkhana géant sur la ligne droite des tribunes où les compétiteurs après un slalom entre quilles « en solo », devaient atteler une des remorques de Placoplâtre et terminer le parcours attelé sous les hurlements des dizaines de milliers de spectateurs friands de ce show. Le changement de roue chronométré fut un défi tout aussi spectaculaire, de même que l’épreuve d’accélération-freinage mettant aux prises deux concurrents en parallèle.

Petit à petit, les firmes comprirent tout l’intérêt de s’impliquer et la génération des camions de course vit le jour. L’épreuve en fut totalement refondue, aboutissant aux courses de 5 ou 7 tours et aux finales de 12 ou 15 tours. La puissance devenant de 1200 chevaux pour les tracteurs désormais surbaissés avec disques de freins refroidis par eau sous pression, d’où les fumées de vapeurs d’eau visibles désormais, les rendements furent optimisés et la pollution maitrisée. La sécurité a beaucoup progressé avec les arceaux cage et les barres anti-encastrement. Il y a peu, les femmes pilotes ont fait leurs débuts et ce sont désormais des quasis professionnelles qui courent de vrais championnats nationaux et internationaux.

Initialement organisées tous les deux ans, devant le succès populaire de l’épreuve, les 24 Heures Camions deviennent un rendez-vous annuel à partir de 1989. Le magazine FranceRoutes est le partenaire de l’ACO et depuis 2003, l’épreuve s’internationalise en intégrant le championnat d’Europe FIA ETRC.

Ce week-end, à l'occasion de leur 36e édition, les 24 Heures Camions fêteront leur 40e anniversaire. Les pilotes du championnat de France et d'Europe disputeront quatre courses. Un vaste programme d'animations sera aussi proposé aux spectateurs. 

Réservez vos billets pour la 36e édition des 24 Heures Camions.